En effet, une grande majorité de ces professionnels crient à "l'imposture" et craignent une "fragilisation" de la presse payante, surtout en ces temps-ci où la presse traverse des "zones de turbulence" et s'évertue à s'affirmer sur le registre éditorial, à consolider sa santé financière et aussi à acquérir de la crédibilité, prélude fondamental pour conquérir les lecteurs en désaffection et contribuer à la construction démocratique du pays.
A leur tête et en porte-parole intransigeant de la profession, Khalil Hachimi Idrissi, Président de la Fédération Nationale des Editeurs de Journaux, est catégorique : "la presse gratuite constitue une concurrence déloyale qui risque à très court terme de fragiliser la presse payante comme cela a d'ailleurs été le cas et à des degrés divers dans des pays, notamment en France". D'autant, soutient-il dans une déclaration à la Map, que la presse payante croule sous d'énormes charges et est assujettie à des contraintes qui ne pèsent pas sur la presse gratuite, entre autres, un quota de tirage et un effectif de journalistes conséquent.
"Nous ne croyons pas que le modèle de la presse gratuite soit aujourd'hui une réponse aux problèmes profonds et récurrents de la presse au Maroc. Bien au contraire, nous pensons que la presse gratuite est un facteur de déstabilisation de notre secteur qui est si vital pour la construction d'une réelle démocratie et d'une opinion éclairée", martèle-t-il, sur un ton franchement hostile à ce genre de presse très en vogue et très prospère dans le monde, notamment en Europe et Outre-Atlantique. Et pour preuve ces chiffres éloquents : le quotidien gratuit "20 minutes'' est lu par 2,2 millions de français, juste derrière "l'Equipe". Mieux encore, sur 427 personnes, 90 pc sont des lecteurs de journaux gratuits, selon une étude menée par Ifop, Institut de sondage de renommée dans l'Hexagone.
Mais pour Khalil Hachimi Idrissi, par ailleurs Directeur du quotidien "Aujourd'hui le Maroc", la menace de la presse gratuite est bel et bien réelle, campant obstinément sur sa position de dénégation de cette presse, des "journaux sans journalistes", selon sa définition, dont les patrons se permettent, comble de l'imposture, de revendiquer leur appartenance à la profession tout en n'étant pas assujettis aux charges lourdes et aux normes strictes de déontologie.
Récusant toute prétendue valeur ajoutée de ce genre de presse, non sans faire au nom de la profession l'autocritique nécessaire, Khalil Hachimi Idrissi évoque aussi les immenses enjeux de la presse écrite payante aujourd'hui au Maroc qui exigent une mise à niveau, projet sur lequel, a-t-il assuré, la Fédération travaille sérieusement avec ses partenaires et ses interlocuteurs institutionnels.
"Nous sommes très décidés à relever le défi du contenu et de l'information mais cette presse gratuite risque de freiner sérieusement notre élan", craint-il, interpellant le ministère de tutelle et le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) pour enfin clarifier leur position sur le sujet.
Sur un ton plus modéré, Mohamed Selhami, Président de l'Organisme de Justification de la Diffusion (OJD), ne partage pas cet avis et croit, lui, à une certaine valeur ajoutée de la presse gratuite, affirmant que l'OJD reconnaît l'existence de cette presse dont la plupart des titres ont d'ores et déjà adhéré à l'OJD qui a pour mission de déterminer la diffusion et la mise en distribution des supports de publicité, notamment celles des publications de presse. Mieux encore, les journaux gratuits subissent régulièrement les contrô les de cet organisme qui a vu le jour en juin 2004, une première en Afrique et dans le monde arabe.
Et d'estimer que cette presse ne représente aucunement un quelconque danger de fragilisation pour la presse payante nationale puisqu'elle n'a pas entraîné la disparition de la presse payante dans les pays où elle est éditée depuis déjà des décennies.
Pour ce pionner de la presse indépendante qui a fondé en novembre 1991 "Maroc Hebdo international'', la presse gratuite, en tous cas une partie de titres, donne plutô t une image de professionnalisme tant sur le plan de la présentation de l'information que sur celui de la distribution, estimant toutefois qu'elle peut encore faire mieux en s'organisant et en s'inscrivant véritablement dans le processus ouvert de mise à niveau globale de la presse écrite au Maroc.
Partageant le même souci d'organisation, Younès Moujahid, Président du SNPM, souligne que cette exigence doit être placée en haut des priorités dans les agendas immédiats des professionnels de la presse gratuite, estimant cependant que l'apparition de cette presse intervient à un moment et dans un environnement qui ne sont point propices et ce, dans la mesure où la presse nationale est confrontée à de sérieux problèmes inhérents notamment à l'iniquité et la non transparence au niveau de l'attribution des encarts publicitaires ainsi que sur les plans de la structure et de la gestion même de l'entreprise de presse.
Et du coup, il est à craindre, à ses yeux, que cette presse gratuite ne risque d'exacerber les tensions dans la profession et d'aggraver davantage la crise que traverse le secteur de la presse écrite au Maroc.
Il confie aussi à la Map que son syndicat planche sérieusement sur ces problèmes et tant d'autres et compte sortir avec des résolutions au lendemain de l'évaluation du Contrat-Programme établi avec les professionnels de la presse. Dans cette évaluation, le président du SNPM assure que l'accent sera en priorité mis sur les premiers articles du code de la presse portant sur la restructuration de l'entreprise de presse.
Mais il n'en reste pas moins que les promoteurs de la presse gratuite restent optimistes comme l'est Brahim Sedrati, Directeur Général de Devocean,société éditrice du quotidien "Au Fait", le premier et le seul quotidien d'information générale diffusé gratuitement depuis le 1er mars 2007. Les autres titres sont des hebdomadaires et des mensuels, "Madinati", "Plurielle", "Sport Hebdo" tous les trois édités par le groupe Géomedia et aussi le mensuel gratuit "Femina Mag" édité par Maroc soir), auquel s'est ajouté dernièrement le quotidien en arabe "Al Massaia".
Tiré à 25.000 exemplaires, "Au Fait" est distribué à Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Marrakech et exceptionnellement dans d'autres villes à l'occasion des salons et autres événements comme le Festival des Musiques Gnaoua à Essaouira.
Dans une déclaration à la Map, il affirme que "l'idée d'importer le concept de quotidien gratuit au Maroc a très vite fait son chemin, d'autant, soutient-il, visiblement enthousiaste, que c'est une niche quasiment inexploitée dans le pays" alors que sous d'autres cieux, dans les grandes métropoles européennes, américaines et asiatiques, la presse gratuite est devenue "le pain quotidien" des milliers de gens qui se mélangent chaque jour dans les métros et les boulevards.
A propos de la ligne éditoriale de son journal, Brahim Sedrati la conçoit comme étant "Une ligne vivante et soucieuse de l'avenir avec le pari d'offrir à ses lecteurs, de manière responsable, une information sans obligations, directe, fiable et utile". En un mot, citoyenneté, comme il tient à le souligner.
Cô té crédibilité, les journaux gratuits ont encore du chemin à faire pour in fine s'imposer aux lecteurs, toujours difficiles à conquérir et aux annonceurs, irrémédiablement frileux. D'autant que sur le registre de la qualité d'impression, la plupart des gratuits n'ont pratiquement rien à envier à la majorité des publications payantes, comme c'est le cas d'ailleurs du dernier né dans la presse gratuite, "Al Massaia" dans les kiosques depuis le 1er juillet dernier.
"Al Massaia" est à ce jour le seul quotidien gratuit en arabe, selon son rédacteur en chef Hassan Al Attafi, qui ajoute que ce gratuit très accessible pour les arabophones grâce à un large réseau de distribution, donne à lire des synthèses reprenant des papiers publiés dans les journaux payants du groupe Maroc Soir, en l'occurrence "Assabahia" et "Assahra Al Maghribia".
Et d'indiquer dans une déclaration à la Map, que ce quotidien de 16 pages couvre les jours de la semaine avec aussi au menu une édition Week-end.
Pour Hassan Al Attafi, cette option pour le gratuit s'explique surtout par le souci de suivre le mouvement de la nouvelle vague de la presse écrite gratuite et aussi une manière de faire découvrir et promouvoir les publications payantes du Groupe.
Née dans un environnement qui n'est guère propice, la presse gratuite n'aura pas la tâche facile et devrait, à défaut de visibilité, naviguer à vue tout en ménageant les susceptibilités des uns et la frilosité des autres.
Les professionnels de la presse gratuite sont aussi appelés, pour s'affirmer dans le paysage médiatique marocain, à mieux cibler leur lectorat, essentiellement parmi les jeunes, à bien cibler les lieux stratégiques et les moments opportuns pour placer leurs colporteurs et présentoirs, à diversifier et investir dans des thématiques nouvelles et d'actualité et aussi à élargir leur couverture géographique tout en augmentant leur pagination.
Il s'agit aussi de privilégier avant tout la pertinence éditoriale, un des principaux fondamentaux pour faire "bonne presse".
A leur tête et en porte-parole intransigeant de la profession, Khalil Hachimi Idrissi, Président de la Fédération Nationale des Editeurs de Journaux, est catégorique : "la presse gratuite constitue une concurrence déloyale qui risque à très court terme de fragiliser la presse payante comme cela a d'ailleurs été le cas et à des degrés divers dans des pays, notamment en France". D'autant, soutient-il dans une déclaration à la Map, que la presse payante croule sous d'énormes charges et est assujettie à des contraintes qui ne pèsent pas sur la presse gratuite, entre autres, un quota de tirage et un effectif de journalistes conséquent.
"Nous ne croyons pas que le modèle de la presse gratuite soit aujourd'hui une réponse aux problèmes profonds et récurrents de la presse au Maroc. Bien au contraire, nous pensons que la presse gratuite est un facteur de déstabilisation de notre secteur qui est si vital pour la construction d'une réelle démocratie et d'une opinion éclairée", martèle-t-il, sur un ton franchement hostile à ce genre de presse très en vogue et très prospère dans le monde, notamment en Europe et Outre-Atlantique. Et pour preuve ces chiffres éloquents : le quotidien gratuit "20 minutes'' est lu par 2,2 millions de français, juste derrière "l'Equipe". Mieux encore, sur 427 personnes, 90 pc sont des lecteurs de journaux gratuits, selon une étude menée par Ifop, Institut de sondage de renommée dans l'Hexagone.
Mais pour Khalil Hachimi Idrissi, par ailleurs Directeur du quotidien "Aujourd'hui le Maroc", la menace de la presse gratuite est bel et bien réelle, campant obstinément sur sa position de dénégation de cette presse, des "journaux sans journalistes", selon sa définition, dont les patrons se permettent, comble de l'imposture, de revendiquer leur appartenance à la profession tout en n'étant pas assujettis aux charges lourdes et aux normes strictes de déontologie.
Récusant toute prétendue valeur ajoutée de ce genre de presse, non sans faire au nom de la profession l'autocritique nécessaire, Khalil Hachimi Idrissi évoque aussi les immenses enjeux de la presse écrite payante aujourd'hui au Maroc qui exigent une mise à niveau, projet sur lequel, a-t-il assuré, la Fédération travaille sérieusement avec ses partenaires et ses interlocuteurs institutionnels.
"Nous sommes très décidés à relever le défi du contenu et de l'information mais cette presse gratuite risque de freiner sérieusement notre élan", craint-il, interpellant le ministère de tutelle et le Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM) pour enfin clarifier leur position sur le sujet.
Sur un ton plus modéré, Mohamed Selhami, Président de l'Organisme de Justification de la Diffusion (OJD), ne partage pas cet avis et croit, lui, à une certaine valeur ajoutée de la presse gratuite, affirmant que l'OJD reconnaît l'existence de cette presse dont la plupart des titres ont d'ores et déjà adhéré à l'OJD qui a pour mission de déterminer la diffusion et la mise en distribution des supports de publicité, notamment celles des publications de presse. Mieux encore, les journaux gratuits subissent régulièrement les contrô les de cet organisme qui a vu le jour en juin 2004, une première en Afrique et dans le monde arabe.
Et d'estimer que cette presse ne représente aucunement un quelconque danger de fragilisation pour la presse payante nationale puisqu'elle n'a pas entraîné la disparition de la presse payante dans les pays où elle est éditée depuis déjà des décennies.
Pour ce pionner de la presse indépendante qui a fondé en novembre 1991 "Maroc Hebdo international'', la presse gratuite, en tous cas une partie de titres, donne plutô t une image de professionnalisme tant sur le plan de la présentation de l'information que sur celui de la distribution, estimant toutefois qu'elle peut encore faire mieux en s'organisant et en s'inscrivant véritablement dans le processus ouvert de mise à niveau globale de la presse écrite au Maroc.
Partageant le même souci d'organisation, Younès Moujahid, Président du SNPM, souligne que cette exigence doit être placée en haut des priorités dans les agendas immédiats des professionnels de la presse gratuite, estimant cependant que l'apparition de cette presse intervient à un moment et dans un environnement qui ne sont point propices et ce, dans la mesure où la presse nationale est confrontée à de sérieux problèmes inhérents notamment à l'iniquité et la non transparence au niveau de l'attribution des encarts publicitaires ainsi que sur les plans de la structure et de la gestion même de l'entreprise de presse.
Et du coup, il est à craindre, à ses yeux, que cette presse gratuite ne risque d'exacerber les tensions dans la profession et d'aggraver davantage la crise que traverse le secteur de la presse écrite au Maroc.
Il confie aussi à la Map que son syndicat planche sérieusement sur ces problèmes et tant d'autres et compte sortir avec des résolutions au lendemain de l'évaluation du Contrat-Programme établi avec les professionnels de la presse. Dans cette évaluation, le président du SNPM assure que l'accent sera en priorité mis sur les premiers articles du code de la presse portant sur la restructuration de l'entreprise de presse.
Mais il n'en reste pas moins que les promoteurs de la presse gratuite restent optimistes comme l'est Brahim Sedrati, Directeur Général de Devocean,société éditrice du quotidien "Au Fait", le premier et le seul quotidien d'information générale diffusé gratuitement depuis le 1er mars 2007. Les autres titres sont des hebdomadaires et des mensuels, "Madinati", "Plurielle", "Sport Hebdo" tous les trois édités par le groupe Géomedia et aussi le mensuel gratuit "Femina Mag" édité par Maroc soir), auquel s'est ajouté dernièrement le quotidien en arabe "Al Massaia".
Tiré à 25.000 exemplaires, "Au Fait" est distribué à Tanger, Fès, Rabat, Casablanca et Marrakech et exceptionnellement dans d'autres villes à l'occasion des salons et autres événements comme le Festival des Musiques Gnaoua à Essaouira.
Dans une déclaration à la Map, il affirme que "l'idée d'importer le concept de quotidien gratuit au Maroc a très vite fait son chemin, d'autant, soutient-il, visiblement enthousiaste, que c'est une niche quasiment inexploitée dans le pays" alors que sous d'autres cieux, dans les grandes métropoles européennes, américaines et asiatiques, la presse gratuite est devenue "le pain quotidien" des milliers de gens qui se mélangent chaque jour dans les métros et les boulevards.
A propos de la ligne éditoriale de son journal, Brahim Sedrati la conçoit comme étant "Une ligne vivante et soucieuse de l'avenir avec le pari d'offrir à ses lecteurs, de manière responsable, une information sans obligations, directe, fiable et utile". En un mot, citoyenneté, comme il tient à le souligner.
Cô té crédibilité, les journaux gratuits ont encore du chemin à faire pour in fine s'imposer aux lecteurs, toujours difficiles à conquérir et aux annonceurs, irrémédiablement frileux. D'autant que sur le registre de la qualité d'impression, la plupart des gratuits n'ont pratiquement rien à envier à la majorité des publications payantes, comme c'est le cas d'ailleurs du dernier né dans la presse gratuite, "Al Massaia" dans les kiosques depuis le 1er juillet dernier.
"Al Massaia" est à ce jour le seul quotidien gratuit en arabe, selon son rédacteur en chef Hassan Al Attafi, qui ajoute que ce gratuit très accessible pour les arabophones grâce à un large réseau de distribution, donne à lire des synthèses reprenant des papiers publiés dans les journaux payants du groupe Maroc Soir, en l'occurrence "Assabahia" et "Assahra Al Maghribia".
Et d'indiquer dans une déclaration à la Map, que ce quotidien de 16 pages couvre les jours de la semaine avec aussi au menu une édition Week-end.
Pour Hassan Al Attafi, cette option pour le gratuit s'explique surtout par le souci de suivre le mouvement de la nouvelle vague de la presse écrite gratuite et aussi une manière de faire découvrir et promouvoir les publications payantes du Groupe.
Née dans un environnement qui n'est guère propice, la presse gratuite n'aura pas la tâche facile et devrait, à défaut de visibilité, naviguer à vue tout en ménageant les susceptibilités des uns et la frilosité des autres.
Les professionnels de la presse gratuite sont aussi appelés, pour s'affirmer dans le paysage médiatique marocain, à mieux cibler leur lectorat, essentiellement parmi les jeunes, à bien cibler les lieux stratégiques et les moments opportuns pour placer leurs colporteurs et présentoirs, à diversifier et investir dans des thématiques nouvelles et d'actualité et aussi à élargir leur couverture géographique tout en augmentant leur pagination.
Il s'agit aussi de privilégier avant tout la pertinence éditoriale, un des principaux fondamentaux pour faire "bonne presse".