Vers un forum de la diapora centrafricaine de France



Bertrand KEMBA, vous n’êtes plus à présenter pour les activités que vous menez pour votre pays.
Vous êtes expert-comptable, vous résidez en France, à travers votre vécu et expérience à l’étranger, vous tentez d’initier divers projets au pays, c’est le cas notamment en ce qui concerne la publication du Guide des Affaires et opportunité d’investissements en Centrafrique. Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à faire cet ouvrage.


Nous vous remercions de l’occasion que vous nous donnez une nouvelle fois pour échanger sur certains problèmes du pays.

L’édition d’un guide économique était devenue une nécessité pour combler le vide de communication dans ce domaine. Il soigne l’image de marque du pays et en fait la promotion. Les grandes entreprises y sont répertoriées et les projets de développement exposés. Par ailleurs, il est un remarquable guide juridique, fiscal et social. Il est, de ce fait, utile à tous. C’est un vade-mecum pour les investisseurs étrangers, les hommes d’affaires centrafricains. En outre, il constitue un appui aux administrations en ce qu’il facilite les actions transversales. En un mot ce guide économique est un petit trésor

Comment a-t-il été accueilli par les Centrafricains, le gouvernement et les partenaires au développement ?
Il a été apprécié de manière unanime par ceux qui l’ont parcouru. La qualité de l’impression a séduit ; sa lecture est aisée. L’exposé du contenu, didactique sans être pesant, a convaincu plus d’un. Des problèmes ? Ils tiennent dans la commercialisation.

Le gouvernement qui disposait déjà du draft du guide bien avant sa sortie, aurait dû accélérer le mouvement de la diffusion de par sa commande qui malheureusement tarde à se concrétiser.
Les commandes se comptent du côté du secteur privé centrafricain. Elles n’affluent pas du côté des autorités publiques. Pourtant, il peut servir de catalyseur aux activités économiques, commerciales, touristiques et devaient être distribués dans nos ambassades, consulats centrafricains, administrations centrales et autres.

La diaspora centrafricaine est en train de découvrir le guide. C’est réconfortant ! Il est très bien vendu dans les librairies en France (les éditions l’Harmattan, la FNAC etc.) Certaines commandes se font aussi par internet.

Les délégations accréditées en Centrafrique semblent marquer plus d’intérêts que nos compatriotes à cet ouvrage. Je ne citerais pas de nom pour ne pas en oublier, elles se reconnaîtront. Je les en remercie vivement.

Dans la sous-région, le guide fait l’admiration d’institutions et des ressortissants des pays voisins. Nous avons été approchés afin de faire de publications identiques par pays et surtout, un ouvrage commun à la CEMAC. Les études sont en cours. Sans trahir un secret, il sera élaboré de manière à recenser les projets intégrateurs à travers les chartres communes, les opportunités d’investissement transcendant les frontières. Produire pour un marché plus grand, réduire les coûts afin d’offrir des biens et services à meilleur marché, voilà en quoi le guide CEMAC contribuera.

L’actualité d’un tel guide économique est fonction de l’actualité législative et règlementaire. Sa périodicité est donc annuelle pour éviter de rendre les textes obsolètes. L’encouragement au renouvellement d’une telle publication aurait dû venir également des organisations patronales et professionnelles du pays ce qui n’est pas malheureusement le cas à ce jour.

Récemment vous avez passé un séjour d’une semaine à Bangui. Au cours de ce bref séjour vous avez rencontré des personnalités politiques centrafricaines ainsi que des personnalités étrangères. Pouvez-vous situer l’opinion publique sur les questions débattues avec ces personnalités au cours de vos rencontres ?
Nous avons séjourné à Bangui dans le cadre de nos activités professionnelles. A cette occasion, nous avons effectivement rencontré les autorités gouvernementales. Pour l’essentiel, les questions relatives à l’organisation de la diaspora centrafricaine ont été au centre de nos entretiens.

Initialement prévu pour le mois de juin, il n’était pas possible d’organiser le forum à cette date pour deux raisons essentielles :
- Une bonne partie de la diaspora concernée par ce forum n’est pas au courant de cette imitative, nous n’avons eu connaissance de la date que lors de notre séjour à Bangui.

- Le report même sur une période courte permet dès à présent à la communauté expatriée de se concerter à travers ce qu’on peut appeler un mini- états généraux de la diaspora centrafricaine pour asseoir ses besoins et revendications pour faire en sorte que ce forum soit véritablement une réussite.

C’est une première pour la Centrafrique Autant ne pas la rater car elle engage notre avenir.

Cette initiative gouvernementale est heureuse. Il revient à la diaspora de la rendre fructueuse. Elle capitalisera, dans divers secteurs, une somme d’expérience, de relations dont le pays sera bénéficiaire afin que dans le domaine des affaires, de l’éducation, du social etc. nous arrivons à nous inspirer des modèles réussis en Afrique.

Il est de notoriété que ne présentant aucun projet sinon rarement, notre diaspora est à la traîne par rapport certaines autres mieux organisées et qui reçoivent régulièrement de l’assistance de diverses institutions pour des projets dans leurs pays.

Prenons un exemple celui de la France comme illustration de notre propos. Dans le cadre d’une nouvelle politique appelée développement solidaire, qui associe migration et développement, la France a mis en place actuellement un programme d’aide à la diaspora établie sur son territoire. Un certain nombre de pays dont la République centrafricaine vont immédiatement bénéficier de cette expérience.

A travers cette politique des ressortissants centrafricains régulièrement établis en France pourront mettre en œuvre, en Centrafrique, avec l’appui financier et l’expertise technique du pays hôte, des projets dans les domaines suivants : l’investissement productif, la mobilisation des cadres qualifiés désirant transmettre leurs savoirs et expériences, des projets de développement local et appui aux initiatives de jeunesse. La liste n’est pas exhaustive.

Il est à noter que le bénéficiaire de l’aide n’est pas obligatoirement candidat au retour définitif dans son pays. Il peut résider et exercer en France tout en développant un projet pour son pays dans les domaines précités.

Une documentation plus fournie sera prochainement mise sur le site de Centrafrique business pour plus ample information dans l’optique de la préparation du forum à venir dans les prochains jours.

Puisque vous faites partie de la diaspora centrafricaine, comment s’organisent les membres de cette diaspora pour contribuer au développement de la République Centrafricaine et prétendre aux avantages qui découlent de la coopération franco-centrafricaine?


Dans la perspective de l’organisation prochaine du forum de la diaspora, nous avons été désignés dans le comité d’organisation au pays, à charge pour nous de mener les préparatifs au niveau de la France pour garantir de succès notre représentation à cette manifestation.

Ayant par le passé mené une étude sur l’organisation des diasporas africaines en France, de concert avec les (CCI) Chambres de commerce et d’industrie de Meaux et du Mali, l’Ordre des Experts comptables à travers la (FIDEF) Fédération Internationale des Experts Comptables Francophones, le Consulat du Mali en France, le Ministère français de la coopération, le Fonds africain de garantie et de coopération économique FAGACE etc. nous pouvons apporter notre expérience en vue de contribuer de manière significative à l’entreprise qui pourra être mise en chantier en Centrafrique.

Contrairement à d’autres communautés, les ressortissants centrafricains ne disposent de structures d’accompagnement ni dans les pays d’accueil ni dans leur propre pays pour les aider et les accompagner dans leur quête de financement pour leur création d’entreprise en Centrafrique.

Cette situation réduit les initiatives au secteur non marchand. Il est temps de dépasser ce stade en mettant le cap sur les biens et services du secteur marchand beaucoup plus créateur d’emplois et de plus-value.

Quels sont les différents projets que cette diaspora compte réaliser en Centrafrique ?

Certes, on peut toujours présenter de projets, mais sans une bonne organisation à la base avec des critères bien définis, il nous sera difficile d’atteindre les objectifs fixés. C’est pourquoi l’Etat en tant que garant de l’intérêt collectif doit s’impliquer dans le processus de l’organisation à venir ne fut-ce que par la mise en place des textes incitatifs en faveur de la diaspora pour les investissements ou les créations d’emploi en fonction des seuils à étudier.

Avec l’aide de l’Etat, garant de l’intérêt collectif, la diaspora peut intervenir dans tous les secteurs d’activités du pays. Il revient également aux autorités par le biais des textes incitatifs d’orienter la diaspora vers des secteurs attractifs et/ou forts en potentiel où ses compétences peuvent être requises.

Pour ce qui est de l’organisation de la diaspora, c’est un problème délicat et que demande du temps car chacun doit s’y reconnaître peu ou prou. Pour cela, chaque concerné devra y mettre du sien.
Les précédents échecs ne doivent pas nous décourager. Tout le contraire, le contexte ayant évolué. Même si les lendemains ne chantent pas, l’avenir est prometteur ! Avec la nouvelle approche où les pouvoirs publics aussi bien en France qu’en Centrafrique s’impliquent indirectement à travers les incitations à monter des projets, pourquoi ne pas essayer de bâtir des entités structurées pour bénéficier et accompagner les dispositifs à mettre en place ?

Quelle est votre vision de ce forum et qui le financera ?
La réussite de ce forum dépend en grande partie de la diaspora elle-même, de la manière dont elle s’organisera pour faire valoir ses points de vue et surtout la garantie que les organisateurs donneront au suivi des recommandations qui en seront issues.

Comme c’est la première fois qu’il est organisé, en avoir dès maintenant une vision nette serait le figer. Il sera ce que les participants voudront qu’il soit.

Il est difficile en un laps de temps de préparer de manière efficace un forum où beaucoup de sujets devraient être débattus. Peut être de nos échanges avant ce rendez vous de Bangui naîtront beaucoup d’idées et de propositions tenant compte de nos vécus et expériences à l’étranger. A titre indicatif en attendant une large concertation entre nous, les thèmes à l’ordre du jour peuvent concernés :
- les textes incitatifs à mettre en place pour les investissements de la diaspora au pays,
- les structures à mettre en place pour les financements des projets immobiliers et autres en concertation avec les institutions financières de la place.
- la délivrance ou renouvellement des passeports, afin de rendre aisée les déplacements
- l’accès aux marchés publics avec une meilleure diffusion des appels d’offre afin que la diaspora prenne part dans de domaine où son expertise peut être requise,
- la couverture assurance maladie pour les parents résidant en Centrafrique
- l’éventualité de la représentation parlementaire de la diaspora

Quant au financement du forum, plusieurs partenaires d’aide au développement ont été sollicités. Un appui quasi-certain a été trouvé auprès d’une légation étrangère dont nous tairons le nom lui laissant la primeur.

D’autres partenaires suivront certainement d’autant que la diaspora africaine est considérée par les instances internationales comme la 6ème région du continent et doit de ce fait mériter une attention particulière.

Il nous appartient de nous organiser pour mobiliser au de là de la France quand bien même c’est elle qui sera la locomotive dans ce qu’on aura à faire.

Sans plus attendre, et, à l’exemple de ce qu’à fait la coopération française au Mali, nous avons demandé la création d’un Centre d’affaires pour stimuler la diaspora dans ses initiatives. Vous savez, il se pose souvent, aux opérateurs fraîchement débarqué en Centrafrique, un problème de bureau.
L’étude est en cours. Son aboutissement constituera une mesure phare pour la diaspora et le pays tout entier afin de booster le secteur privé.

Pour terminer, compte tenu de ce vaste programme et ambitieux, comment compter vous y prendre pour organiser la diaspora centrafricaine et qui pourra être à sa tête?


La diaspora centrafricaine n'est pas nombreuse comparée à d'autre diaspora africaine. Elle peut s’organiser aussi facilement en s’inspirant d’autres modèles comme elle peut aussi mettre du temps pour y parvenir. Toutefois, regardons nous nous mêmes, fixons nous des objectifs propres à notre pays.

Des initiatives privées, apolitiques, ont plus d'impact parce que venant du cœur donc ont plus d'impact à long terme. Apprendre à quelqu'un à pécher est bénéfique pour la société que de lui offrir du poisson tous les midis. C’est ce message que nous devrons adresser à nos partenaires qui nous aide à nous organiser.

A partir des exemples tirés sur d’autres modèles, nous pouvons procéder à des échanges dans les semaines à venir pour réfléchir au modèle adapté à nos besoins.

On aurait pu faire les états généraux de la diaspora afin de recenser tous nos besoins. Cela n’étant pas possible faute de temps, nous allons émettre des propositions sur lesquelles nous allons échanger.

A l’instar d’une étude que nous avons faite sur les Centres de Gestion, notre démarche serait la suivante :
A titre indicatif les débats peuvent être orientés vers les thèmes ci après 
Création des conseils régionaux de la diaspora centrafricaine :
- (d'abord) dans les grandes métropoles. Par exemple, en France, Lille, Bordeaux, Nantes, Lyon, Orléans, Toulouse, Paris et région parisienne. Les compatriotes au niveau de chaque région élisent les membres de leurs conseils.

Assigner des objectifs à l’organisation :
- élaborer des projets d'entreprise avec un statut particulier au niveau des codes PME / PMI pour la diaspora si investissement supérieur à un seuil
- projet dans le domaine* de l'éducation, la santé, ONG.
- assurance rapatriement en cas de décès
- chercher des partenariats pour le pays auprès des villes de résidence ou des projets associatifs.

Les conseils doivent être étendus à des pays où la diaspora centrafricaine dispose de forts potentiels (Amérique du Nord, Maroc, Bénin, Cameroun, Congo).
Création d’un Conseil Supérieur de la diaspora centrafricaine où les délégués de chaque Conseil régional sont représentés.
- Objectifs : Edicter les règles de management et de fonctionnement des Conseils régionaux
- définir des missions et objectifs à assigner aux Conseils régionaux sur la base d’un calendrier préétabli;
- mettre en place d’un système de vérification du fonctionnement des conseils régionaux. Les bons exemples ou réussites doivent être capitalisés ailleurs.

Pour ce début, une implication forte de l'Etat dans l'organisation à travers des textes organiques* (Charte* de la diaspora).

Réunion annuelle présidée par le chef de l'Etat ou il sera fait un bilan des réalisations de la diaspora et une valorisation des meilleures actions et projets sous forme de remise de prix par catégorie.
Voilà les idées essentielles qui sous tendent l’organisation de la diaspora qui méritent bien sûr débats et autres contributions en s’empreignant d’autres modèles pour sa réussite.

Pour ce qui est de la direction, elle sera pourvue par voie d’élections. Les statuts et règlements intérieurs en définiront les modalités.

Cette organisation de la diaspora n’est que proposition et ne pourra certainement pas se faire avant le forum de Bangui.

Pour ce qui nous concerne personnellement, nous serons candidat à aucun poste compte tenu de nos occupations ailleurs. Ce qui ne nous empêchera de n’être que Conseil auprès des Instances de l’organisation afin d’apporter toutes contributions qui peuvent être utiles à notre communauté.
Encore une fois de plus, merci de nous avoir donné l’opportunité de nous exprimer sur un problème crucial qui concerne notre organisation. Nous invitons toute la diaspora à consulter le site de Centrafrique Business pour se tenir informée de l’évolution des travaux préparatoires du forum. Nous l’invitons également à participer activement à la constitution de cet instrument nouveau au service des centrafricains et de la Centrafrique de par les idées et proposition pour parfaire ce site.

Dans le cadre de la préparation du forum, dans un 1er temps, nous n’allons échanger que par mail. Il serait souhaitable que des volontaires se proposent pour recueillir les suggestions et propositions venant de chacun de nous.

Nous allons réfléchir de par les échanges à la composition du bureau à mettre en place pour les préparatifs au niveau de la diaspora en France de ce forum. Ce comité définira les critères des désignations des délégués qui iront au forum. Pour les régions qui sont prêtes et qui peuvent organiser une réunion dans une ville quelconque (une seule réunion par région), les membres du Comité qui le peuvent viendront prendre part à des débats initiés dans l’optique de la préparation du forum.



Vendredi 19 Juin 2009
Prospert YAKA MAÏDE
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