Maroc : M. Khalid Naciri appelle à l'ouverture d'un débat national en 2009 pour le développement de la pratique journalistique

Rabat, 27 sept. (Map) - Le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement, M. Khalid Naciri a appelé, vendredi soir à Rabat, à l'ouverture d'un débat national en 2009, qui tendrait à développer la pratique journalistique et créer l'environnement et le climat favorables à son épanouissement, dans le respect de la déontologie.



Intervenant lors d'un Ftour-débat organisé par le club de la presse de l'Agence Maghreb Arabe Presse (MAP) sur le thème "la pratique journalistique entre la liberté de la presse et le respect de la déontologie de la profession", M. Naciri a indiqué que ce débat sera de nature à favoriser la création d'un climat et d'un environnement propices au développement de la pratique journalistique et à la consolidation de la liberté de la presse, dans le cadre du respect de la déontologie.

Il a expliqué que ce débat pourrait déboucher sur des conclusions consensuelles sur les règles d'une action commune visant à garantir la liberté de la presse et protéger les droits des journalistes, et ce dans le cadre d'une démarche respectueuse de la déontologie de la profession en droite ligne du projet de société démocratique vers lequel convergent les efforts de tous.

Il a estimé que "le concept de la liberté est en parfaite harmonie avec le respect de la déontologie, qui régit le secteur de la presse, puisque, a-t-il dit, l'exercice de cette liberté peut se renforcer davantage dans le respect des normes juridiques et éthiques régissant le secteur de l'information".

" Les dysfonctionnements relevés de temps à autre, qui sont à mettre naturellement au titre de la phase de transition démocratique, portent préjudice au crédit de la presse et entravent sa noble mission", a-t-il poursuivi, soulignant que le respect de la déontologie ne peut que renforcer le développement de la pratique journalistique au Maroc, sa crédibilité et de son succès.

Pour sa part, M. Drissi Alami Machichi, universitaire et ancien ministre, a estimé que l'unanimité de l'ensemble des acteurs de la presse nationale autour du respect de la déontologie trouve des difficultés, de différentes sortes, pour se concrétiser sur le terrain, relevant que les règles juridiques sont de caractère coercitif.

L'élaboration des règles de déontologie doit être du ressort des professionnels, a dit M.Machichi, qui a par ailleurs évoqué les piétinements qui ont émaillé le développement du métier de journalisme durant les années 1980, rappelant que la phase ultérieure avait donné lieu à la mise en place d'une instance nationale indépendante de la déontologie et de la liberté d'expression (2002). La création de cette instance est venue concrétiser les vÂœux de la profession.

De son cô té, le président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), M. Younès Moujahid a estimé que la déontologie pose une véritable problématique, face au développement constant des nouvelles technologies, et constitue un défi permanent au corps journalistique, soulignant que l'intérêt doit désormais être porté aux entreprises de presse, dont la promotion constitue de toute évidence, un gage de succès de la presse.

M. Younès Moujahid a, en outre, insisté que les entreprises de presse, qu'elles soient partisanes ou indépendantes, sont appelées à innover des formules adéquates pour promouvoir la profession, mettant l'accent sur la nécessité de veiller au respect de la déontologie et à la moralisation de la pratique journalistique au Maroc.

Passant en revue les contraintes imposées par le développement technologique grâce à l'éclosion de "la presse électronique", M. Moujahid a indiqué que cette nouvelle presse "nous oblige non seulement à revoir la vision que nous nous faisons du métier, mais à revoir notre méthode d'action de la manière qui soit susceptible de développer le métier".

L'ancien ministre de la Communication, M. Mohamed Nabil Ben Abdallah a, quant à lui, estimé que le développement qu'a connu la presse au cours de ces dernières années, en dépit de certaines difficultés, est le résultat des progrès démocratiques accomplis par le Royaume. Il a souligné que dans le secteur de la presse, la liberté reste le socle et que toute entreprise destinée à la réalisation de cet objectif ne doit en aucune manière empiéter sur la liberté d'autrui. Il a également affirmé que la volonté des journalistes de s'exprimer en toute liberté doit aller de pair avec leur souci de développer la pratique journalistique.

Insistant sur la moralisation de la pratique journalistique au sein des entreprises de presse, M. Ben Abdallah a mis l'accent sur le rô le que joue l'institution judiciaire dans la promotion de la profession et le respect de la Loi.

De son cô té, Noureddine Meftah, membre de la Fédération nationale des éditeurs de journaux (FNEJ) a considéré que la déontologie est une affaire des professionnels du secteur, invitant les autorités de tutelle à concevoir des garanties suffisantes en faveur de la presse.

La liberté de la presse ne doit pas s'entendre dans l'absolu, a-t-il estimé, ajoutant qu'il n'existe pas de frontières entre le droit commun et le code de la presse. Il a souligné que le développement du métier requiert le concours de tous en vue de moraliser la pratique journalistique, mettant en garde qu'en renvoyant à une date ultérieure la réforme du secteur de la presse, on court le risque de retarder le développement de la pratique journalistique. Il a appelé à la mise au point d'un code de la presse juste pour l'encadrement de la pratique journalistique, et qui soit une source fondamentale d'arbitrage.
Pour Mohamed Hafid, Secrétaire général de la Fédération nationale des médias (FNM), le non-respect de la déontologie est de nature à porter atteinte au développement de la pratique journalistique. Il a énuméré un ensemble de situations préjudiciables à la presse, et qui s'éloignent des normes de laprofession, dont la dénaturation des faits et l'atteinte à la vie privée . Ces situations peuvent ne pas être le fait de journalistes professionnels, mais dès que le produit est diffusé sur un support médiatique, il est assimilé à un produit journalistique, a-t-il expliqué.

Au début de cette rencontre, M. Ali Benstitou, secrétaire général du Club de la presse de la MAP, avait indiqué que le choix de cette thématique est de nature à contribuer à l'enrichissement du débat sur la liberté de la presse et le respect de la déontologie en cours dans le pays entre, d'une part les professionnels du secteur et de l'autre, entre ces derniers et les représentants des institutions concernées.


Samedi 27 Septembre 2008
Map/Acap
Dans la même rubrique :