Le Mékong a été très calme depuis le début du mois d'octobre, après la mort de 13 marins chinois, tués à bord de deux cargos qui croisaient dans les eaux du Triangle d'Or, là où les frontières du Laos, du Myanmar et de la Thaïlande se rencontrent. La mort de ces marins a entraîné la suspension immédiate des transports chinois sur cette portion du fleuve.
Mais avec la reprise de la circulation fluviale dimanche, des bannières colorées sur lesquelles on pouvait lire "Vive l'amitié sino-thaïlandaise" ont fleuri sur les rives du Mékong, et les habitants se sont rassemblés sur le port pour accueillir l'arrivée des marins chinois avec des danses et des bouquets de fleurs.
Une flotte de dix navires de patrouille transportant des officiers en armes et des mitrailleuses lourdes attendaient sur le Mékong, à la frontière entre le Laos et la Thaïlande. Un hélicoptère armé survolait la zone.
"Nous allons assurer la sécurité de tous les navires circulant sur la section thaïlandaise du Mékong", a déclaré le commandant Atthawoot, en charge de la police thaïlandaise dans l'opération conjointe qui rassemble les forces de quatre pays.
Une centaine de policiers thaïlandais patrouilleront quotidiennement la section thaïlandaise du Mékong qui traverse le Triangle d'Or, une zone qui est également une plaque tournante pour le trafic de drogue. Ces hommes font partie d'une opération conjointe de la Chine, de la Thaïlande, du Laos et du Myanmar, visant à protéger les navires et les marins sur le fleuve.
Les quatre pays ont convenu de lancer des patrouilles sur le Mékong, d'escorter les navires, et d'établir une liaison permanente afin de partager des renseignements susceptibles d'aider à lutter contre la criminalité et d'assurer la sécurité le long du fleuve.
Des navires de patrouille thaïlandais ont pris le relais pour escorter les cargos chinois lorsque les patrouilleurs chinois et laotiens ont fait demi-tour après avoir atteint la frontière thaïlandaise.
Accompagnés par des navires policiers thaïlandais et surveillés de près par la police depuis les rives, les cargos ont accompli sans encombre leur voyage de neuf kilomètres depuis la frontière jusqu'au port de Chiang Saen.
Quand Huang Xingqiang a mis pied à terre, il a annoncé sa décision de ne pas démissionner de son poste de capitaine du cargo "Shun'an No.6". L'idée de démissionner lui était pourtant venue à l'esprit après la mort de son frère Huang Yong, capitaine du cargo "Hua Ping", tué avec 12 autres marins en octobre.
Beaucoup de collègues et amis de Huang Xinqiang ont choisi de renoncer à naviguer sur le Mékong, après le meurtre de leurs camarades le 5 octobre. Certains ont même vendu leur bateau, estimant que la navigation sur le fleuve n'était plus assez sûre.
"Je vais conseiller à mes camarades marins de retourner sur le fleuve, en leur disant qu'il n'y a plus de raisons de s'inquiéter. Nous sommes en sécurité sur le Mékong, maintenant que nous sommes protégés par la patrouille conjointe", a indiqué Huang.