Les Etats africains invités à des réformes courageuses face à la crise financière internationale

Bangui, 5 juin (Acap)- La réunion annuelle conjointe de la Conférence des ministres des Finances et de l’Economie de l’Union Africaine (UA) et de la Conférence des ministres africains des Finances, de la Planification et du Développement économique de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) se tiendra les 6 et 7 juin, au Caire, en Egypte, dans un contexte marqué par les conséquences de la crise financière mondiale sur l’économie des pays africains.



Selon le secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique, M. Abdoulie Janneh, et le président de la Commission de l’Union Africaine, M. Jean Ping, qui viennent de publier une réflexion commune pour explorer des pistes de solutions à cette crise, qui menace, selon eux, de réduire à néant la plupart des progrès accomplis pour réaliser les objectifs du millénaire pour le développement.

« Cette année, le taux de croissance économique va s'effondrer et sera en moyenne à peine supérieur à 2 %. Tous les principaux partenaires commerciaux de l'Afrique étant également entrés en récession, la demande de produits de base a dégringolé, tout comme les cours de ces produits et les investissements étrangers directs. Le chômage est en hausse et la pauvreté regagne du terrain », constatent tout d’abord ces deux personnalités.

Selon eux, Le premier levier sur lequel il conviendrait d’appuyer pour « limiter les dégâts et faire en sorte que cette situation ne se reproduise pas à l’avenir » est la politique budgétaire qui demande à être renforcée afin de mobiliser les ressources intérieures pour accroître les recettes de l’Etat, lequel pourrait alors financer les investissements et les programmes sociaux.

L’Etat pourrait également relever le taux de l’épargne intérieure, permettant de « mettre des ressources à la disposition des investisseurs privés », ce qui aurait l’avantage de le « prémunir contre les effets pervers d’une récession économique et de protéger les plus pauvres ».

Mais, « ce sont les capacités techniques du gouvernement et la volonté politique de prendre des décisions douloureuses qui permettent d’obtenir ces résultats », relèvent MM. Janneh et Ping, qui fournissent quelques exemples de « mesures douloureuses » à adopter.

Il s’agit de renforcer l’efficacité de l’administration fiscale en informatisant les tâches, en améliorant les contrôles fiscaux et des déclarations fiscales et en format les autorités fiscales car, expliquent-ils « l’inefficacité de l’administration fiscale réduit la capacité du gouvernement de mobiliser des recettes et favorise l’évasion fiscale, en particulier chez les riches et les puissants ».

Il s’agit également de remettre en cause les exonérations et incitations fiscales accordées aux investisseurs étrangers, qui se traduisent par un rétrécissement de l’assiette fiscale, sans pour autant garantir une augmentation de l’investissement étranger.

« La crise actuelle offre donc les meilleures perspectives de réforme d’un système en place depuis plus de 60 ans et l’Afrique doit saisir cette occasion », concluent nos 2 experts, invitant les pays africains, qui « se sont plaints pendant de nombreuses années de n’avoir aucune marge de manœuvre budgétaire pour définir leurs propres politiques de développement en raisons des conditionnalités imposées par les institutions financières internationales » à « élaborer une série de propositions fortes et cohérentes et parler d’une seule voix pour insister sur leur mise en œuvre au niveau international ».

Vendredi 5 Juin 2009
Acap Acap
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