Le circuit commercial impacté par la crise : cas du marché Km5

Bangui, 15 jan (ACAP) –Ce grand reportage est réalisé par M. Bienvenu Gbélo, journaliste reporteur et producteur à Radio Ndeke Luka en République Centrafricaine, ceci grâce à l’appui financier et technique de l’ONG African Initiative Media à travers son projet du concours « African Story Challenge ».



Le centre commercial de Km5 dans le 3e arrondissement de Bangui, qui regroupe quatre marchés : Mamadou-Mbaïki, Sambo-Ngawi, Soudanais, Kokoro-km5, ne génère plus de recettes dans la caisse de l’État à cause de la crise centrafricaine il y a deux ans.
 
« Nous avons beaucoup perdu en termes de recettes. La mairie faisait par année vingt et quelques millions. Depuis 2014, nous avons tout perdu. Ces recettes nous aidaient à bien fonctionner », a fait savoir Germaine Dongombé, chef de service des marchés et foires à la municipalité de Bangui.

Les recettes générées par la mairie en 2012 étaient de 22.212.000 F CFA soit 33.862 Euros et 20.000.000 F CFA soit 33.538,8 Euros en 2013. En 2014, la caisse de la mairie n'a reçu aucun franc CFA.

Le blocage du centre commercial Km5 s'est répercuté sur les ménages à Bangui. Les prix des produits alimentaires et des produits de première nécessité ont  sensiblement augmenté sur tous les marchés de la place.

« Présentement le sac de sucre de 25 kilogrammes qui se vendait auparavant à 17.000 F CFA (25,9163 Euros) s’achète aujourd'hui entre 22.000 F CFA (33,5388 Euros) et 23.000 F CFA (35,0633 Euros). Quand on conditionne pour revendre, les clients nous compliquent la situation », a témoigné Toussaint Ngodi, vendeur d’articles dans le 1er arrondissement de Bangui. Il souhaite que le gouvernement mette tout en œuvre pour rétablir la paix.

« Nous sommes dans la jungle, les prix montent et diminuent, nous n'avons plus rien. On se débrouille pour acheter parce que nous sommes habitués », s'est également plaint une sage-femme retraitée, vendeuse de beignet.

Les autorités de la transition promettent des mesures conséquentes, ce que mentionne Gertrude Zouta, ministre du Commerce. « Le premier mécanisme, c'est celui de contrôle des stocks des produits de première nécessité sur les marchés de Bangui, en particulier auprès des importateurs. Le deuxième dispositif, c'est le contrôle de la qualité de ces produits. Le troisième, c'est celui du contrôle des prix. L'homologation des prix nous permet de limiter la hausse des prix sur les marchés », a-t-elle rassuré.

Pour le président de l’Association des commerçants du Km5, Djibrine Youssouf, les commerçants à majorité musulman sont victimes de pillage et de destruction massive. « Les commerçants ont réalisé beaucoup de perte. Des boutiques et maisons d'habitation ont été systématiquement pillées ou détruites », a-t-il signalé.

Des initiatives se mettent en place en vue de reprendre les activités commerciales, ce que qu'explique Djibrine Youssouf, « Personne d'autre ne peut venir ouvrir le marché à notre place. Nous avons mis en place un bureau pour essayer d'ouvrir toutes les boutiques et faire fonctionner le Km5. Aujourd'hui le marché fonctionne à 95% ».

La ministre du Commerce, Gertrude Zouta, a rassuré que le gouvernement mettra tout en œuvre pour que le Km5 rouvre ses portes. « Les marchés qui sont opérationnels sont saturés. Dans l'espoir de 2015, c'est que tous les marchés du Km5 deviennent opérationnels », a-t-elle dit.
 
Aujourd'hui, seul l'axe Bangui-Garoua-Mboulaï-Bertoua-Yaoundé-Douala permet de ravitailler le pays. Seulement, l’insécurité persiste en dépit de la sécurisation des camions par les forces onusiennes.

A cela, s'ajoute le désistement de nombreux camions à destination de la Centrafrique. « Avant la crise, on arrivait à (...) charger 100 à 150 camions à destination de la Centrafrique. Avec la crise, péniblement 25 à 30 camions sont chargés par jour à cause de l'insécurité », a démontré Rosni de Kalvé Chengaba, représentant du Bureau d'affrètement routier centrafricain (BARC) à Douala au Cameroun.

Sosthène Gilbert Poudiyo, inspecteur des douanes, chef du corridor Bangui-Douala, explique qu’en cette période de crise, le guichet centrafricain de transit de Douala a servi de « mamelles » pour la Centrafrique. En dépit d’un écart considérable de perte de plus de 3 milliards de F CFA (4.573.470 Euros) enregistrés, le guichet centrafricain de transit de Douala est resté une béquille pour l’Etat.

Jeudi 15 Janvier 2015
Bienvenu Gbélo
Dans la même rubrique :