Le Sous-préfet de Bria déplore la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans sa zone de juridiction

Bria, 15 juin (ACAP) - Le Sous-préfet de Bria (598 km au nord-est de Bangui), Serge-Yvon Lessené, a appelé le gouvernement à user de son pouvoir pour rétablir la sécurité dans la Préfecture de la Haute-Kotto, lors d’une interview à l'ACAP, jeudi 15 juin 2017 à Bria.



L’objectif de cette interview est de faire l’état des lieux de la situation socio-sécuritaire dans la Préfecture de la Haute Kotto, et plus précisément dans la ville de Bria.
 
« Tout d’un coup, à compter du 16 mai 2017, les habitants de la ville de Bria résidant dans le quartier jouxtant l’aérodrome et ayant été surpris par les affrontements des groupes armées se sont retrouvés démunis de tout, du fait de leurs habitations incendiés », a souligné Serge-Yvon Lessené.
 
Selon les chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR), quelque 41.000 habitants de la ville de Bria se sont retrouvés du coup sur au moins six sites de déplacés internes, dont le plus gros lot se situe au PK3 route d’Ippy (sud de la ville), à proximité de la base principale de la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA).
 
Le Sous-préfet Serge-Yvon Lessené, qui se trouve lui aussi sur le site des déplacés internes, a regretté que Bria, naguère déclarée ville sans arme, connaisse à ce jour un surarmement, facteur d’insécurité.
 
C’est pourquoi il propose un cantonnement rapide des hommes armés dans la perspective du Désarmement, Démobilisation et Désarmement (DDR) afin de favoriser la paix et permettre à la population de vaquer à ses activités habituelles.
 
Le curé de la Paroisse Saint Louis de la ville, l’Abbé Gildas Davy Gbéni, quant à lui, craint l’insuffisance de la prise en charge des déplacés internes et la résurgence du paludisme en ce début de saison pluvieuse.
 
Il a indiqué que pour la prise en charge humanitaire des quelque 420 déplacés internes qui se sont installés sur le site de l’église catholique, une mesure de riz pour dix jours et un litre d’huile ont été distribués par les ONG humanitaires à des parents sans tenir compte de la taille de la famille.
 
Il a enfin relevé que les éléments de la MINUSCA se positionnent autour des sites sans prendre attache avec les autorités religieuses, préférant rester engouffrés dans les chars à longueur de journée.
 
Il faut souligner qu’en raison de la recrudescence de l’insécurité, la ville de Bria est nettement divisée en deux, avec comme ligne de démarcation le pont de Gbadou qui sépare les musulmans, regroupés au centre-administratif et commercial, des chrétiens installés sur le site des déplacés internes du PK3.
 
L’instabilité de la situation socio-sécuritaire s’explique en partie par l’instabilité des alliances ou des désaccords entre les groupes armés, notamment ex-Séléka et mercenaires tchadiens, ex-Séléka et anti-Balaka, ou encore anti-Balaka purs et durs, dont les chefs sont clairement identifiés.
 
Les accrocs entre les groupes armés ont pour conséquence la paralysie des administrations, faisant craindre à certains parents le spectre d’une année blanche pour les élèves et écoliers.

Jeudi 15 Juin 2017
Alain-Patrick Mamadou / ACAP
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