L’APE, une contrainte pour la République Centrafricaine

Bangui, 23 janv. (ACAP)- Les travaux de l’atelier national de réflexion sur l’Accord de partenariat économique (APE) entre l’Union Européenne (UE) et la République Centrafricaine se sont poursuivis mardi et mercredi 23 janvier 2008 à l’Hôtel Oubangui, avec des travaux dans des groupes thématiques, notamment sur l’accès aux marchés des marchandises, le commerce des services et investissement, les normes, le renforcement des capacités et la mise à niveau des entreprises, ainsi que la question du texte juridique de l’Accord.



Notez que la première journée avait donné l’occasion aux participants d’être imprégnés des communications des experts sur les thèmes débattus en ateliers et surtout sur les enjeux et défis de l’Accord de partenariat économique.

De l’avis des experts, notamment M. Jerry Victor Yakété Kossi, inspecteur principal des douanes, modérateur du groupe : ‘’Accès aux marchés des marchandises’’, « cet Accord va aboutir à la mise en place d’une zone de libre-échange entre l’Union Européenne et l’Afrique centrale ». Selon lui, la réciprocité dans ces nouvelles relations avec l’UE va conduire à une augmentation du commerce dans la zone, précisant que les impôts positifs ou négatifs doivent être relativisés en fonction de la stature économique de chaque pays et du volume des échanges avec l’Union européenne.

L’expert précise que concernant les importations, l’ouverture complète du marché des pays de l’Afrique centrale conduirait à une augmentation totale de 7,1%, évoquant que la mise en place de cet Accord entraînerait une perte des recettes fiscales pour la région en raison de la suppression des droits de douane sur les importations en provenance de l’Union européenne.

En ce qui concerne la République Centrafricaine, M. Yakété précise que l’impact de la réciprocité dans les échanges commerciaux avec l’UE serait synonyme de perte de recettes fiscales qui varieraient entre 3 milliards et 6,7 milliards Fcfa. Par ailleurs relève- t-il, « l’Etat aura des difficultés à faire face au service de la dette intérieure et extérieure ».

Devant cette situation, il déclare que les importations en provenance de l’Union européenne s’accroîtraient de 1,9% en moyenne. Mais l’impact de la réciprocité sur les exportations serait nul à court terme à cause de la concentration des ventes sur un nombre restreint de produits primaires (diamant, bois, coton, café). Il préconise que si à moyen terme, des mesures « volontaires et vigoureuses sont prises pour développer et accroître l’offre exploitable, les exportations pourraient croître sensiblement et durablement et tirer davantage des préférences existantes ».

« Le processus de l’accord de partenariat économique avec l’Union européenne est inéluctable », a déclaré, M. Yakété, précisant qu’il ne sert à rien de sombrer dans un pessimisme parce que les gains attendus ne sont pas évidents à court terme, mais à moyen et long terme, les effets seront palpables dès lors que chaque Etat aura pris conscience de la nécessité de revoir les stratégies de développement au plan national et international.

« L’arrimage au commerce international est une contrainte universelle de survie en cette période de mondialisation et les Etats de l’Afrique centrale ne peuvent s’y soustraire », a-t-il conclu.

Mercredi 23 Janvier 2008
Dagoulou/ACAP
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