(Culture de la Chine) Mariée avec le kung-fu : une française pratique le Baguazhang Par CHEN Binjie

BEIJING, 16 avril (Xinhua) -- Châtain clair, mince et pleine de vie, Caroline est professeur de français à l'Institut des Hautes études diplomatiques de Chine et apprend depuis sept ans le Baguazhang, un art martial chinois lié à la pratique taoïste de la marche en cercle.



"Apprendre le Baguazhang est la raison pour laquelle je vis à Beijing", a confié Caroline, "je suis mariée avec le kung-fu".

Le Baguazhang, littéralement "Paume des huit trigrammes", est une boxe originaire du nord de la Chine. Elle appartient à la famille des arts ou styles dits "internes", dans laquelle figurent également le Hsing I Chu'an et le Taiji.

En 2007, Caroline a fait un stage de Baguazhang de deux semaines à Beijing et cette première rencontre avec la Chine lui a "beaucoup plu". "Je me suis décidée à venir vivre à Beijing une année après cette magnifique expérience", a-t-elle indiqué.

Aujourd'hui à la fin de sa vingtaine, Caroline avoue qu'elle est fascinée par l'Asie depuis son enfance, "c'est mystérieux, je suis née dans le sud-ouest de la France et j'ai été élevée dans une famille où personne ne s'intéresse à la Chine."

Caroline a commencé son apprentissage du Baguazhang à Aix-en-Provence en 2005. Son professeur français lui a recommandé un maître de Baguazhang à Beijing et c'est ainsi que son aventure chinoise a débuté.

Grâce à la pratique de cet art martial, Caroline se sent en pleine forme et a notamment définitivement réglé ses problèmes de poids. Toutefois, la Française a souligné que "le changement et l'amélioration de [son] état d'esprit" étaient la chose la plus importante que la pratique du Baguazhang lui avait apporté.

"En France, je pratiquais le Baguazhang trois fois par semaine, c'était déjà quelque chose de sérieux aux yeux de mes amis", a confié Caroline. Cependant, depuis qu'elle s'est établie à Beijing, elle essaie de le pratiquer une à trois heures par jour.

"Le Baguazhang requiert de la persévérance et de la continuité. Si j'interromps ma pratique pendant un certain temps, tous les efforts que j'aurais réalisés auparavant seront évanouis", a-t-elle expliqué, ajoutant que la patience est l'une des clés pour coordonner les mouvements de son corps et comprendre le Taoïsme ainsi que d'autres aspects de la culture traditionnelle chinoise.

Le style Cheng du Baguazhang qu'elle pratique, une branche populaire de cet art martial, comprend huit paumes fixes et huit paumes mobiles. "Huit fois huit fait soixante-quatre, ça correspond à la sagesse du Yi Jing", a expliqué Caroline. "Je ne suis pas une sinologue, mais la pratique du kung-fu m'a ouvert une porte sur les trésors de la culture chinoise.

Faisant référence aux relations culturelles franco-chinoises, elle a mentionné à plusieurs reprise Fabienne Verdier, une artiste peintre française qui a appris durant dix ans la calligraphie dans le sud-ouest de la Chine. "Il lui a fallu plusieurs mois pour apprendre à tracer un trait, élément le plus simple et fondamental du caractère chinois, et cet esprit de persévérance m'a beaucoup inspiré", a avoué Caroline.

"Quand je pratique le Baguazhang dans le parc, souvent des Chinois me regardent. Peut-être trouvent-ils bizarres les exercices que je réalise ou bien sont-ils surpris de voir une étrangère pratiquer un art martial chinois".

"Je crains qu'une importante partie de la culture chinoise ne soit perdue", s'inquiète-t-elle. La professeure regrette de voir que les jeunes chinois d'aujourd'hui préférer le style de vie occidental, n'hésite pas à exprimer ses inquiétudes auprès de ses étudiants à l'Institut.

Comme les arts traditionnels chinois, tels que la calligraphie et le kung-fu, requièrent une grande discipline et un esprit de persévérance, elle craint que la "fastfood culture" américaine ne soit plus attirante pour eux.

Un de ses anciens étudiants chinois considérait même que le kung-fu est une pratique "exotique", un "cliché" auquel il supportait mal voir la culture chinoise réduite. " Tous les Chinois ne savent pas faire du kung-fu !" a-t-il déclaré.

Caroline n'est pas du tout d'accord avec ce point de vue qu'elle qualifie de "triste", car le kung-fu, à ses yeux, constitue un important patrimoine culturel de la Chine.

Selon les données du ministère français de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, la Fédération française de Wushu, arts énergétiques et martiaux chinois, comptait en 2004 près de 40 000 adhérents.


Lundi 16 Avril 2012
Xinhua/ Acap
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