Appel à une réforme urgente du système alimentaire mondial

Rome, 15 oct. (Map)- Une réforme urgente du système alimentaire mondial s'impose pour faire face à la recrudescence de la faim dans le monde, notamment dans les pays en développement, soulignent l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) et le Programme Alimentaire Mondial (PAM).



La faim touche plus d'un milliard de personnes dans le monde, dont la quasi-totalité vit dans les pays en développement, indique un rapport de la FAO, préparé en collaboration avec le PAM et publié à la veille de la célébration, le 16 octobre, de la Journée Mondiale de l'Alimentation (JMA).

Cette journée, qui sera célébrée cette année sous le thème "Comment atteindre la sécurité alimentaire en temps de crise", interpellera la communauté internationale sur la situation dramatique des personnes souffrant de faim et sur la nécessité de conjuguer les efforts pour mettre fin à leurs souffrances.

Selon les deux organisations, basées à Rome, c'est la conjugaison des crises alimentaire et économique qui a fait grimper le nombre de personnes affamées à des niveaux jamais atteints auparavant.

Détaillant les chiffres à leur disposition dans ce rapport sur "L'Etat de l'insécurité alimentaire dans le monde", elles précisent qu'en Asie et dans le Pacifique, le nombre de personnes souffrant de faim est estimé à 642 millions, en Afrique subsaharienne à 265 millions, en Amérique latine et aux Caraïbes à 53 millions, au Proche-Orient et en Afrique du Nord à 42 millions et dans les pays développés à 15 millions.

Avant l'apparition des récentes crises, le nombre de personnes sous-alimentées accusait déjà une montée lente mais régulière au cours de la dernière décennie, observe la même source, signalant que des progrès appréciables avaient été accomplis dans les années 80 et au début des années 90 en matière de réduction de la faim chronique, essentiellement grâce à l'accroissement des investissements dans l'agriculture ayant succédé à la crise alimentaire mondiale du début des années 70.

Mais entre 1995-97 et 2004-06, à mesure que l'aide publique au développement (APD) consacrée à l'agriculture perdait du terrain, le nombre d'affamés s'est amplifié dans toutes les régions, à l'exception de l'Amérique latine et des Caraïbes. Mais les progrès réalisés dans cette dernière partie du monde ont été par la suite annulés sous l'effet des crises alimentaires et économiques, relève le rapport.

Selon la FAO, la hausse du nombre de victimes de la faim, à la fois durant les périodes de prix faibles et de prospérité économique et durant les périodes d'envolée des prix et de récession économique, montre la faiblesse du système mondial de gouvernance de la sécurité alimentaire.

Après avoir mis l'accent sur la "détermination avec laquelle les dirigeants mondiaux avaient réagi à la crise économique et financière" et la performance qu'ils ont réussi en débloquant des milliards de dollars en une courte période de temps, le directeur général de la FAO, M. Abdou Diouf, a recommandé de "lancer immédiatement des mesures énergiques du même ordre pour combattre la faim et la pauvreté".

"Le nombre croissant de personnes affamées est intolérable. Nous disposons des moyens économiques et techniques pour mettre un terme à la faim, ce qui fait défaut, c'est une volonté politique plus forte pour se débarrasser de la faim à jamais", a-t-il insisté.

"Il est fondamental d'investir dans l'agriculture des pays en développement, car un secteur agricole en bonne santé est une condition essentielle non seulement pour surmonter la faim et la pauvreté, mais aussi pour assurer la croissance économique, la paix et la stabilité dans le monde",a-t-il poursuivi.
"Les petits agriculteurs ont besoin d'un accès aux semences de qualité, aux engrais, au fourrage et aux technologies pour leur permettre de doper la productivité et la production", a souligné Diouf, précisant que leurs gouvernements nécessitent des outils économiques et politiques pour accroître la productivité et la résilience de leur secteur agricole face aux crises.

Josette Sheeran, Directrice exécutive du PAM a estimé, de son cô té, qu'il "est inacceptable qu'en ce XXIe siècle, près d'un individu sur six de la population mondiale soit victime de la faim".

"A l'heure où le monde compte plus d'affamés que jamais auparavant, l'aide alimentaire a chuté à des niveaux historiquement bas", a-t-elle relevé, soulignant que ce qui est requis pour combler les besoins urgents des affamés est connu mais "nous n'avons besoin que des ressources et d'un engagement international pour faire le travail".

Et le rapport de préciser, dans ce sens, que de nombreux pays ont accusé une chute de leurs échanges commerciaux et de leurs flux financiers dans tous les domaines, et assisté au recul de leurs recettes d'exportation, de leurs investissements étrangers, de l'aide au développement et des envois de fonds. Autant de facteurs qui non seulement restreignent les possibilités d'emploi, mais également les fonds disponibles pour les gouvernements en faveur de programmes de promotion de la croissance et d'aide aux personnes vulnérables.

Les 17 principales économies d'Amérique latine, par exemple, ont reçu 184 milliards de dollars de flux financiers en 2007. Ces capitaux ont été quasiment divisés par deux en 2008 (89 milliards) et devraient être à nouveau réduits de moitié et chuter à 43 milliards en 2009, déplore le rapport. Cela signifie que la consommation doit être réduite, et pour certains pays à faible revenu et à déficit vivrier, l'ajustement de la consommation pourrait se traduire par une réduction drastique des importations vivrières et autres biens d'importation, tels que matériel sanitaire et produits pharmaceutiques, conclut-il.


Jeudi 15 Octobre 2009
Acap Acap
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